J’ai menti. J’suis tout sauf zen aujourd’hui. Je monte tout en épingle et j’aimerais bien qu’on m’oublie. Cinq minutes. C’est pas grand chose cinq minutes pourtant. Je ne demande pas la lune.

Si je dois demander la lune.

Hier était une journée spéciale. Où j’ai enfilé le record d’allers et retours maison/collège. Entre huit heures et 14h, je m’y suis déplacée cinq fois. Ca aurait dû être deux. Autant vous dire que c’était trois fois de trop. Avec un froid polaire, un bébé en garde et une amie nounou à dépanner d’urgence en lit parapluie, c’était pas le jour de me faire suer.

C’est toujours pas le jour de me faire suer.

Quand je suis arrivée hier au collège, à 7h50, il faisait un sale brouillard. J’aime pas conduire avec la brume. Je vois les trucs au dernier moment. Je ne roule plus à 50 mais à 30 donc ça fulmine derrière moi. Je fais gaffe à la piste cyclabe et aux nombreux collégiens qui se mettent en rang par 3 pour atteindre le collège en vélo. Je m’inquiète de leur sort. Je ne roule pas vite, jamais.

En arrivant au collège, c’était encore plus le bronx que d’habitude. Y avait des jeunes partout sur la route. On ne pouvait pas s’engourfrer dans le petit passage très convoîté pour balancer vite fait notre progéniture hors de la bagnolle… le sac à dos blindé, aussi lourd que ma valise de vacances, à tirer du coffre… Y avait des pétards, des pancartes, des lumières aveuglantes de scooters… parmi les cris on pouvait reconnaître le nom de Darcos… et comprendre que sa réforme à la gomme, les collégiens n’en voulaient pas… J’ai déposé plus loin, vers les arrêts de bus, ma fille aînée et un ami à qui j’avais proposé mon « taxi »… je lui ai dit de faire gaffe, de rentrer si ça dégénérait…

Un quart d’heure plus tard elle m’appelait pour me dire que l’entrée du collège était cadenassée. Que certains défilaient, qu’elle rentrait. Que je ne pourrais sûrement pas déposer Manon pour 9h vu le remue-ménage et l’arrivée de la police suite à une rixe entre deux élèves…

J’ai cogité. Julie est apte à prendre une initiative, à se protéger. Pas Manon. Elle est apte à paniquer, à partir dans tous les sens. Je dois toujours faire vite quand je dois déposer Manon à 9h au collège. Zoé embauche elle aussi à 9h, en CM1, à l’autre bout de ma petite commune…. je ne traîne donc pas. Quand j’ai vu que c’était toujours pareil, le portail fermé, les poubelles renversées, les jeunes regroupés et déchaînées, j’ai pas cherché à savoir, j’ai gardé Manon dans la voiture. J’avais deux choix, soit me mettre en double file, laissant un bébé que je garde et une fillette pour accompagner vite Manon et m’assurer qu’elle rentre en cours. Pas possible, inconscient même. Soit d’aller me garer loin et de descendre tout le monde. Pas le temps , trop risqué… m’aventurer là-dedans avec un bébé en poussette et une fillette paniquée d’être en retard pour son CM1… non, jamais. J’ai gardé Manon avec moi.

Entre temps, j’avais appelé la vie scolaire entre 8h et 8h30. Sans aucun succès.

A 9h45, alors que je m’aprêtais à aller dépanner une collègue en lit parapluie, je me décide à re-tenter l’appel à la vie scolaire. Et là, miracle, ça répond. Et ça me dit avec une voix innocente et enjouée que le collège a accueilli les élèves dès 8h, que la porte de derrière avait été ouverte et que je pouvais revenir pour dix heures, si je voulais… que là, celle de devant serait débloquée…

J’ai dit que je ne pouvais pas ,là, j’avais un service à rendre à quelqu’un mais que je viendrai pour le cours de onze heures.

J’ai pris une amie de Manon sous le bras, qui habite en face et qui n’a pas pu rentrer en cours à 8h non plus. Et je me suis pointée à 10h50 au collège. Toujours tout fermé. Des jeunes toujours là à expliquer leurs revendications, que je trouve justifiées. Moi qui me pèle avec mon bébé Titi en poussette canne et deux gamines qui se demandent si elles vont finir par bosser aujourd’hui.

J’ai attendu cinq minutes. Des parents m’ont dit que je me donnais bien du mal. Que c’était spécial aujourd’hui et que les profs comprendraient l’absence de certains.

Mouais. Si seulement c’était vrai.

Je suis allée chercher Zoé à son école pour midi. J’ai pas arrêté de bouger toute la matinée. J’aime pas ça. J’ai l’impression de ne pas faire mon travail comme il faut. Bébé Titi est un ange.

A 12h50, la vie scolaire m’appelle pour me dire que j’ai une fille en sixième qui est en absence irrégulière et elle ne mentionne pas celle de troisième. Eux, c’était toléré. Ah bon. Je me mets à soupirer et à me dire si ça va durer longtemps ce joyeux bordel. Je l’entends me certifier que le portail du collège sera ouvert dès 13h30. Qu’il y aura une surveillance et que je pourrais repartir sans sortir personne de voiture et sans m’inquiéter de Manon. Ouf.

Mais bon, je reste calme parce que je sais que la pionne n’y est pour rien. Elle gère juste la vie scolaire.

Manon est allée en cours, enfin.

Ce soir, elle vient de rentrer, les joues rouges et les cheveux en pétard, de sa journée de collégienne. Elle me ramène toute contente un 13,5 en géométrie et pendant que je signe à côté de la note, je lui demande si elle a pu ratraper les cours loupés du lundi matin.

Elle dit que oui, c’est bon. Je peux lui faire confiance.

Puis elle revient, sa copie double dans la main droite et me balance :

Manon : « Ah oui, la prof du cours de lundi matin a demandé pourquoi certains avaient réussi à rentrer par l’autre porte et pas d’autres????? »

Dans les autres, y avait Manon. Bien sûr.

J’avais juste envie d’hurler. De dire que si c’est compliqué de comprendre que je ne peux pas comme certains parents, mettre ma voiture en double file et aller voir ce qui se passe les mains dans les poches… et bah je ne peux rien faire de plus… que dire et redire que j’ai des petits que je transporte, dont j’ai la responsabilité… que je ne peux pas sortir de ma voiture comme ça… la laisser avec les Warning, jeter un oeil et revenir… que j’ai une Manon peureuse et poissarde. Que si un pétard doit exploser ce sera à deux centimètres d’elle. Que si un projectile doit atterir, ce sera sur elle.

Nan, ne dites pas que je suis parano. J’ai déjà connu tellement de petits soucis de maltraitance scolaire avec Manon…. je ne vais tout de même pas vous refiler les billets où j’en parle sur ce blog. Non. Pourtant j’en meurs d’envie.

Je suis tout sauf zen.

Pour la peine je pars chez Cultura avec Julie, pour me détendre.

La miss a fait du baby sitting samedi soir et a des achats à faire.

A tchao bonsoir.