Jenfi et moi ne sommes pas bien compliqués. Enfin on pense ne pas l’être. Peut-être que certains nous trouvent tordus, bizarres… j’sais pas. Si ils le pensent, ces personnes-là, ils ne nous le disent pas. Ce qui revient le plus souvent à notre sujet, c’est « cool », « pas compliqués » et « dans le vrai »…. ça nous convient bien. On ne se plaint pas de ce jugement de valeur.

En même temps, « dans le vrai », ça veut dire quoi, hein???? Qu’on ne fait rien de superficiel??? Qu’on se contente de peu? Qu’on vit au « vert »????? Disons qu’on a toujours fait des choix familiaux avant d’en faire des professionnels. Des matérialistes aussi. A l’époque où tous nos potes achetaient une maison, et mettaient les bouchées doubles côté avancement de carrière, moi je posais mes valises et prenais un congé parental. Jenfi choisissait de bosser dans la partie technique de la boîte qui nous employait. Partie la moins commissionnée… on le savait. Bref, on a tout fait l’inverse du socialement correct. On a baissé notre niveau de vie.

Par contre, on a augmenté notre qualité de vie. Indéniablement. Et ça, ça vaut tout l’or du monde.

C’est pour cela qu’on a été catalogués, comme étant dans « le vrai ». Mais seulement au bout de quelques années. Parce qu’avant, on ne nous disait rien. On venait nous voir avec le sourire aux lèvres, comme pour prendre une bouffée d’air. De calme. De climat familial non stressé par les contraintes des semaines chronométrées…. c’était bien, de voir que les invités se sentaient bien après une visite chez nous. Ca prouvait qu’on ne vivait pas comme des dingues. Qu’on ne courrait après rien.

Oui, c’était bien. Même si des fois, je trouvais que la vie était plus facile pour eux que pour nous, financièrement. J’ai toujours été celle qui commande les ficelles du budget. Les cheveux blancs, ils ont été pour moi. Jenfi n’est pas un bileux… quand j’entendais les amis parler de leur deco toute neuve dans leur maison à eux, de leurs dernières vacances à l’étranger en pension complète, de leurs dernières folies de shopping en matière vestimentaire… j’avais le blues. Vous savez, comme celui du dimanche soir pour la reprise du lundi… je n’étais pas envieuse, car je me connais. Avec le même potentiel financier qu’eux à ma disposition, je n’aurais pas dépensé dans les mêmes choses. Je suis très avide de moments partagés, de sensations familiales… je ne trouve pas mon bonheur dans un meuble qui durera des années (je suis sûre de m’en lasser au bout de cinq ans alors à quoi bon prendre de l’increvable????!!!)…. et je n’aime pas les vacances en club. J’aime être chez l’habitant. Au mieux, avec mon routard et mon sac à dos. Comme en Thaîlande ou aux USA, où on en a fait qu’à notre tête, en prenant des adresse depuis la France… en se renseignant…

Bon allez je vous l’avoue, je rêve tout de même des fois de pension complète… quelque part où il fait 35°…. mais ça ne m’arrive que quand les enfants que je garde ont chopé la gastro, que Zoé fait une crise sévère d’encoprésie et que Manon revient avec des tremblements dignes de la spasmophilie… là, oui, je veux bien être ailleurs que chez moi, à me mettre les pieds sous la table et à dormir quand je veux… mais seulement là….

Je disais donc, Jenfi et moi, on est « dans le vrai » depuis peu. Depuis que les amis en question ont divorcé parce qu’ils ne se supportaient plus… ont amené l’aîné chez le psy parce qu’il avait un regard de boeuf chaque soir à table et semblait aller très mal… ont vendu la maison parce qu’ils ne peuvent plus la payer… Nous n’avons pas eu ce cataclysme nucléaire à la maison, Jenfi et moi, c’est qu’on doit donc avoir fait les bons choix. Lesquels? J’en sais rien. Mais il paraît qu’ils sont bons puisque nous sommes encore en couple, avec nos filles qui ne voient aucun psy (ne crions pas victoire trop vite….) et sans crédit maison sur le dos (ce qui n’est pas forçément un gage de réussite selon moi, mais bon…)…

Toujours est-il qu’on a rien fait pour que ça arrive. On a juste suivi notre route. Sans forcer les étapes, ça c’est vrai. On a jamais été très mordants. La preuve, à ce train-là, je n’aurai pas de rolex à cinquante ans. Pathétique, non????

C’est comme ça. Je ne regrette rien. J’aime être dans le « vrai »… A tel point que je vire « écolo », tiens!!! ( Bon, on se calme. Je ne parle pas de politique du tout là!!!) Je veux juste dire que j’utilise toujours autant mon vinaigre blanc pour toutes mes tâches ménagères, je continue à faire ma lessive quand j’en ai le temps (avec mon savon de marseille et mon bicarbonate de soude) et je me desodorise les aisselles avec de la pierre d’alun… depuis deux mois environ…

La pierre d’Alun, c’est bien. Rien à redire. Bon, je ne suis pas non plus une femme qui transpire énormément (on sent la sportive qui parle là!!!). Mais bon, c’est bien. Jenfi trouve que c’est plus que bien. Il y trouve un certain confort. Julie trouve ça moche et pas pratique du tout. Quand elle m’a sorti ça, je lui ai dit : « Mais on ne demande pas que ce soit beau mais efficace!!???? Et puis faut juste la sortir de sa boîte en plastique et la prendre dans la main!!!! C’est pas sorcier!!! »….

J’aurais dû me la boucler ce jour-là.

Pourquoi? Parce que la pierre a atteri dans mon lavabo y a dix jours, la « tête » la première… se fracassant joliment sur l’émail blanc, telle de la poussière d’étoiles… ça brillait, ça craquait sous mon éponge, quand j’ai voulu ramasser les dégâts. J’ai pesté. Elle n’avait plus son embout lisse qui servait d’applicateur sous les aisselles. Elle était rèche et sans forme.

Bref elle était devenue celle que Julie avait décrite « Moche et pas pratique ».

J’suis vraiment maladroite. J’avais la main pleine de savon quand je l’ai attrapée… Quelle nouille!!! Je veux faire vite. Trop vite. Le matin, c’est la course qaund Jenfi commence à 5h30. J’assure trois horaires, le collège, la primaire et l’arrivée des loulous que je garde. Je n’ai pas le temps de passer trois heures dans la salle de bains. Tout juste dix minutes…

J’ai montré mes exploits à Jenfi quand il est rentré du boulot. Je me demandais si ça valait le coup de s’en servir encore. Si je ne devais pas en racheter une, en pharmacie… il m’a dit « Mais non, elle va se re-polir avec le temps…« … Mouais, pourquoi pas… j’étais sceptique mais en fait ça m’arrangeait un peu. J’avais quand même payé ça dix euros pour une longévité de deux ans au moins… longévité que j’avais écourté à deux mois, par ma maladresse.

On a continué à s’en servir. Sans faire gaffe. Et on a commencé à se gratter, à certains endroits de notre corps… bien rouges, irrités. Et ce, du jour au lendemain. C’est moi qui ai rougi la première. Je me suis badigeonnée de crème (une de celles que j’ai pour les bébés, qui sent le poisson selon moi…)… sans succès. A croire que mettre du « gras » accentuait la sensation de brûlure… j’ai commencé à parler éosine avec Jenfi. Mais bon, j’ai passé l’âge de faire passer une peau barriollée pour un début de varicelle!!!… j’ai donc laissé tombé ce choix. Pourtant, je pense que c’est ce qui soigne le mieux.

On a cherché pourquoi on avait ça, Jenfi et moi. Et pas nos filles. On a exclu la piste alimentaire, puisqu’on mange comme elles. On a exclu aussi l’allergie à la lessive, puisqu’on lave tout le linge familial ensemble… on a pensé à notre virée piscine y a huit jours… mais bon, encore une fois, nos filles ont aussi trempé leurs fesses dans l’eau du bassin, comme nous, et elles n’ont rien. On a pensé à des morpions attrapés dans les toilettes publiques lors de notre sortie rue piétonne y a dix jours… (de vrais masos, hein???). On a écarté la piste de suite, en rigolant. On a pensé à plein de trucs, complètement dingues. Qui n’ont rien donné. C’est donc avec fermeté que j’ai dit à Jenfi samedi, excédée de me gratter comme une sauvage « Bon y en marre maintenant, je suis sûre que c’est cette pierre d’Alun écorchée qui nous donne cette irritation!!!!! »…

Jenfi n’est pas d’accord. Mais moi j’en suis persuadée.

Je suis allée sur Google voir ce qu’on en disait, de cette pierre d’alun. Et là j’ai trouvé des personnes qui disaient avoir acheté la même que moi,  mal emballée… qu’elle avait fini par terre aussi, explosée. Et y en a qui disait que les particules constituaient de l’acide sulfurique très irritant. Et vlan, j’en étais sûre!! Je vous dis pas comment j’ai débarqué devant mon homme, encore en pyj et pas coiffée, alors qu’il était déjà en train de jouer sur Wow à 9h30 le matin…

Moi, en train de me mettre entre lui et son écran : « Bon c’est pas toi qui m’as balancé jeudi soir que la Physique et la chimie ça servait dans la vie de tous les jours???? hein????

Lui, en train d’éviter ma face de mégère incontrôlable : « Euh oui attends, je finis ma quête là… deux secondes. »

Euh, en langage wowesque, deux secondes veulent dire dix minutes. Alors hors de question!!!!

Moi, bien chiante : « Non parce que sur le net il est dit que la pierre d’alun, si c’est cassé, ça peut diffuser de l’acide sulfurique… et c’est très irritant!!!! Tu vois pas le rapport? Ce que je tente de te faire comprendre là???? »

Oui, il voyait. Il a vaguement fait comprendre qu’il se pouvait que j’ai raison… mais qu’il s’en fichait royalement.

Je suis repartie vers mon ordi. Et j’ai continué à lire les témoignages sur le forum de discussion que j’avais déniché.

Ce même samedi matin, j’ai vite pris ma douche. J’ai remis ma bonne vielle eau de toilette « St Michel » sur mon torse, partout. Et je suis allée racheter une pierre d’Alun, au magasin bio du coin. Bien moins chère, bien mieux conditionnée. Impec.

J’suis kamikaze, hein? Non, soucieuse de ne pas avoir un cancer du sein à cause des déos billes… ou autres.

Et puis j’aime pas finir sur un échec, en général.

Ceci dit, le bio, ça me laisse rêveuse et perplexe. J’sais pas trop quoi en penser. C’est comme quand mon fasciathérapeuthe m’assure qu’on peut se soigner avec des huiles essentielles, je ne sais pas trop ce que je dois faire… j’ose pas. J’ai peur de mal doser, de me tromper. D’avoir un revers de médaille.

Faut dire que j’ai vu à deux jours d’intervalle un « Envoyé spécial » qui traitait des allergies de peau aux crèmes bio…  et un « Into the wild » émouvant sur comment-tout-plaquer-pour-vivre-plus-près-de-la-nature… donc ça laisse des traces. Ca interroge.

En attendant je vais soigner ce qui démange. Et essayer de mieux dormir (ça gratte surtout la nuit)…

Je vous laisse. Je voulais vous parler de notre samedi après-midi à la patinoire et de notre future télé écran-plat qui arrive… grâce à notre cousine Odile. Qui n’a plus besoin du sien… et qui a pensé à nous pour l’adopter.

Elle m’étonnera toujours Odile. Elle nous gâte beaucoup trop, avec son petit mari. Elle connait mes désirs, mes frustrations… mes attentes. Mais surtout ma capacité à me contenter de ce que j’ai, à faire des priorités. Elle fonctionne comme moi. Elle est capable de danser autour de la table rien que parce qu’elle a passé une bonne journée et que tout va bien…. Le bonheur simple quoi. Elle s’est relevée d’un grave accident de voiture… elle a des séquelles invisibles qui font qu’elle n’a jamais pu reprendre son travail à plein temps, elle ne se plaint jamais…  elle a une pêche d’enfer, tout le temps. Je sais que je suis assez « pile » moi aussi, mais là je suis battue…

Y en a pas deux comme Odile. Cet écran plat, on ne comptait pas se le payer. Même si tout le monde nous disait que ce serait bien pour nos « 40 ans », à Jenfi et à moi…. ma salle de jeux est ma priorité cette année. Et si on veut partir en vacances cet été, fallait se contenter d’un projet hors budget…

Voilà, ce sera pour plus tard. Avec des photos sans doute…

Je dois foncer chez Ikea me racheter un meuble télé… autant vous dire que pour moi, ce n’est pas une corvée, j’adore Ikea!!! On va faire dans le style wengé qui n’est pas du wengé…

Allez ce coup-ci j’y vais. Tchao….